marche n°1081 - mercredi 20 mars 2024 - APREMONT la FORÊT les domaniales


Vestiges 1914/1918 & forêts domaniales :

 

RdV au parking de la Croix des Redoutes. Signification d’un cénotaphe (du Lt R Poirson) et bref historique des positions de belligérants. Nous partons sur le chemin de Saint Aignant, en longeons la lisière de la domaniale d’Apremont, et la tranchée Rabier. Au PK 0,80 nous pénétrons dans la forêt par une ligne qui traverse les tranchées françaises, et au PK 1,40, nous arrivons à la tranchée Roffignac (1ère ligne). Nous traversons l’ancien no man's land, pour arriver à la tranchée des Bavarois, truffée d’abris et de positions bétonnées. Nous continuons vers la D907, où nous faisons une pause près du monument du 17 juin 1940, à la mémoire du 155e RI de Forteresse. Le loup présent sur le blason, rappelle le nom donné par les allemands en 14/18 « Aux loups du bois le Prêtre ». Nous pénétrons dans la domaniale de Gobessart, et au PK 2,90 nous visitons l’hôpital allemand. Au PK 3,60, nous effectuons la pause gourmande en limite de l’ancien dépôt de munitions de 1952 à 1967. Pour l’aménager le St-Mihiel Ammunition Storage Annex 8446, il a été nécessaire d’effectuer le désobusage des 404 hectares de forêt. Le dépôt ne sera opérationnel qu’en 1955, avec ses 27 km de route. Les munitions de l’US Air Force in Europe (puis US Army) seront stockées dans 135 bâtiments métalliques, pour une capacité de 13 000t de munitions conventionnelles. Une station radio sera construite à l’Alt. 382m. Nous repartons sur l’ancienne voie romaine GR de Pays. A PK 3,90, nous entrons dans le bois de Jolicot. Jusque-là les chemins empruntés étaient très corrects, mais les engins de débardages en décidèrent autrement. Nous ferons 400 mètres de hors-piste. Au PK 5,40, nous traversons de nouveau la D907 et nous empruntons la ligne qui nous mène à la Croix des Redoutes. En chemin nous découvrons une ancienne position pour une mitrailleuse allemande (MG Maschinengewehr). Puis nous retrouvons les travaux français situés dans une coupe d’épicéas scolytés.  

Nous arrivons à la Croix des Redoutes, dénommée ainsi, par la présence d’une redoute en terre élevée après 1870. Pour conquérir les 300 mètres de largeur de celle-ci, les allemands mirent 3 mois au prix d’environ 10 000 morts, blessés et disparus. Le bilan français est de 1 565 morts, 7 657 blessés et de 845 disparus. Pour revenir à nos véhicules nous verrons une tranchée française reconstituée, et à 20 mètres de là, nous marcherons dans la tranchée allemande constituée de maçonnerie et de béton. Belles découvertes sous une météo printanière. jpy.       


Bois d’Ailly - Bois brûlé – Croix des redoutes

 

Vers la fin de septembre 1914, l’armée allemande occupait les Hauts-de-Meuse sans opposition de l’armée française, et jetait quelques troupes dans Saint-Mihiel.

Le 8e corps d’armée envoyé à Commercy pour arrêter les progrès de l’ennemi était renforcé presque immédiatement par la brigade active de Belfort, amenée d’Alsace en chemin de fer. Cette brigade débarquait à Lérouville le 28 septembre, vers six heures du matin.

Le front attribué en septembre 1914 au 8e corps d’armée devait rester confié à sa vigilance pendant plus de deux années. Il s’étend de Fresnes du Mont, sur la rive gauche de la Meuse, à Apremont en face duquel nos troupes sont restées pendant tout notre séjour dans la région.

Ce front présente deux parties bien différentes l’une de l’autre à tous points de vue. La première s’étend sur la rive gauche à travers des prairies humides. Les méandres de la rivière y forment les deux presqu’îles de Han et de Bislée. La seconde partie du front s’étend sur la rive droite, accidentée, âpre, rocheuse et presque entièrement boisée.

 

Le front de la rive droite de la Meuse

 

Notre ligne sur la rive droite coupait la Meuse entre le village d’Ailly-sur-Meuse, à l’ennemi, et le village de Brasseitte, à nous, deux villages à moitié démolis par les bombardements. La ligne s’élevait de la Meuse au bois d’Ailly à travers un terrain découvert. Le front ennemi allait de la pointe sud-ouest du Bois d’Ailly jusqu’à Apremont par un tracé sinueux à travers bois. Le sol était généralement rocheux. Le 8e corps d’armée qui faisait face à l’ennemi sur ce front joignait notre 31e corps d’armée devant Apremont.

Quand nous sommes arrivés dans la forêt d’Apremont, toute la région boisée dont nous nous occupons, était couverte d’un sous-bois en taillis souvent si épais que la vue en était masquée à très petite distance. En octobre 1914, deux patrouilles rampantes respectivement allemande et française se sont approchées dans le bois de la Vaux-Fery, sans se voir, à moins de 20 mètres l’une de l’autre, en plein jour. Les hommes de tête de chaque patrouille se trouvèrent tout-à-coup nez-à-nez à quelques pas l’un de l’autre. Simultanément, ils se mirent à ramper à reculons sans se quitter des yeux, sans tirer un coup de fusil jusqu’à ce qu’ils fussent replongés dans le couvert du bois. Le fait s’est passé au 2e bataillon du 171e. Son commandant, dont nous tenons ce récit, rappelait à cette occasion un fait analogue cité par Ardant du Picq.

La chute des feuilles, en novembre et décembre 1914, leva un coin du voile qui séparait les lignes adverses. La portée de la vue fut un peu augmentée dans les taillis, mais demeura bornée, par les branchages enchevêtrés jusqu’à ce que l’œuvre des obus ait transformé en paysages lunaires les fourrés et les bois. Ce résultat n’apparût dans toute son horreur qu’à la fin de 1914, au Bois Brûlé et progressivement pour le reste du front considéré, au gré des combats, dans le courant de 1915.

Dès notre arrivée, l’attention du commandement s’était arrêtée sur une allée forestière qui court au sommet de la crête du Bois d’Ailly. L’occupation de cette crête était considérée comme très importante.

Les noms de « Tête-à-Vache » et de « Mamelle » ne figurent sur aucune carte antérieure à la guerre.

Au début des opérations devant Saint-Mihiel, la « Tête à Vache » était appelée dans les ordres : « La hauteur située sous l’A de forêt d’Apremont, sur la carte au 80.000e ». Dans le but de trouver une dénomination plus simple, un commandant de secteur a demandé à un garde forestier si cette hauteur n’avait pas un nom particulier dans le langage des gens du pays. Après avoir répondu négativement, cet homme finit par ajouter : « Quand je veux dire à ma femme que j’ai monté au-dessus du ravin de la Source, je dis que je suis allé à la Tête à Vache ».

Dès le lendemain l’appellation du garde forestier apparaissait dans les ordres et comptes-rendus émanant du secteur intéressé. Quelques semaines plus tard la littérature militaire officielle n’en connaissait plus d’autre, aussi bien chez nous que chez l’ennemi qui disait littéralement « Kuhekopf ».

La rapidité avec laquelle l’ennemi a adopté ce nom montre, dans tous les cas, combien il était au courant de tout ce qui se passait chez nous.

Le nom de « Mamelle » a été suggéré par la forme de cette hauteur qui s’allonge entre la route de la Louvière et la Tête-à-Vache. Aucun événement important n’a consacré ce nom de « Mamelle ».

Les troupes avaient découvert en arrivant au Bois-Brûlé un ouvrage en terre défendant l’accès des Hauts-de-Meuse au-dessus du village d’Apremont qui est au pied des côtes. Cet ouvrage du type semi-permanent remontait sans doute à plus de trente ans. Il avait la forme d’une demi-couronne, en termes techniques de fortification, c’est-à-dire qu’il se composait de deux bastions réunis par une courtine, qui était brisée en son milieu sous un angle très ouvert. Son relief était d’environ 1m50 à 1m70. En arrière se trouvaient deux groupes d’abris, blindés avec de gros rondins atteignant 0m80 de diamètre et une protection de deux mètres de terre, environ. Malheureusement les blindages étaient pourris, et devaient céder aux premiers coups de canon de gros calibre. Malgré ces graves inconvénients, ces abris ont rendu quelques services à une époque où il n’en existait pas d’autres. Ils devinrent assez vite tout à fait précaires.

L’ouvrage du Bois Brûlé fut appelé « la redoute » par les troupes qui l’avaient découvert et ce nom lui est resté pour nous. Les Allemands l’ont appelé pompeusement « le fort du Bois Brûlé ». Nous avons eu entre les mains une ode allemande « A la gloire des Héros du Bois Brûlé, vainqueurs du Fort ». L’état-major du corps d’armée connut l’existence de la redoute par les comptes-rendus de la troupe. Il semble que personne n’ait songé à l’occuper quand l’armée allemande s’est portée sur Saint-Mihiel. Il est à craindre que le plan de défense de cette région ne fut pas connu de ceux qui auraient pu l’appliquer, car la redoute du Bois Brûlé faisait partie de l’organisation défensive du général Séré de Rivière.

Les villages situés immédiatement derrière notre front furent fortement bombardés à partir du mois de septembre. Après quelques semaines, tous présentaient un aspect lamentable. Les maisons ou parties de maisons qui offraient un abri contre la pluie, le vent ou le froid, étaient utilisées par les troupes en dehors des bombardements. Marbotte et Saint-Agnant, étaient inhabitables en dehors de rares caves suffisamment renforcées.

 

Bois brûlé – Croix des Redoutes

 

Au lieu-dit "Bois brulé" fut construite par les Français, en 1875, une redoute, poste avancé entre les forts du Camp des Romains et de Liouville. Elle fut construite en terre en bordure du plateau dominant Apremont-la-Forêt. Il s'agissait de deux bastions reliés par une courtine de 200 m de longueur. Les bastions étaient constitués de casemates semi-enterrées recouvertes de terre dont le sommet était équipé d'un parapet de tir au fusil. À l'avant de l'ouvrage était disposé un réseau de fil barbelé. La redoute permettait le contrôle de la route reliant St-Mihiel à la vallée d'Apremont-la-Forêt à Sampigny. Par cette route transitait le ravitaillement allemand pour Saint-Mihiel. Il était donc vital pour les Allemands de se rendre maitre de la redoute. Les combats durèrent d'octobre 1914 à mars 1915.

La première attaque allemande eut lieu le 6 octobre 1914. Elle se poursuivit les 10 et 11 octobre 1914 sans succès. Du 3 au 8 novembre 1914, puis le 15 novembre 1914, les Allemands reprirent les attaques sur la redoute, toujours victorieusement défendu par les Français. Le 25 novembre 1914, ils lancèrent une attaque généralisée sur tout le "Bois brulé". Ils prirent pied dans les tranchées françaises, devant la redoute, le 27 novembre 1914. Ce ne fut que le 5 décembre 1914 que les Allemands se rendirent maitre du bastion nord. Les Français échouèrent dans leur contre-attaque du 11 décembre 1914. Le 18 décembre 1914, la courtine tomba aux mains des Allemands qui prirent pied dans le bastion sud le 27 décembre 1914. Le 31 décembre 1914, la 5e division bavaroise maitrisa la totalité de la redoute. Il aura fallu aux Allemands trois mois de combat pour conquérir 300 m de terrain. Les combats ont fait 1565 morts, 7657 blessés et 845 disparus côté français et environ 10000 tués, blessés et disparus côté Allemands.

 

 

Plan de la redoute est de ses deux bastions

Encore visible en 1953


clichés de dominique


foto de la marche par jpy


Clichés pris lors d'une marche le 27 février 2024

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